Le /r/ du mandarin est-il une fricative plutôt qu’une liquide ?
Yezhou Jiang, Rachid Ridouane, Pierre André Hallé
Résumé : Cette étude contribue au débat sur la nature phonologique de la consonne du mandarin notée <r> en pinyin : liquide ou obstruante ? /r/ ou /ʐ/ ? Nous savons que les clusters C1C2 sont d’autant plus sujets à la réparation perceptive C1C2 > C1əC2 que le profil de sonorité de C1C2 est marqué : pour C1=occlusive, nous devrions observer davantage de réparations lorsque C2 = /s/ que lorsque C2 = /l/. Qu’en sera-t-il avec C2=(/r/ présumé) ? Nous utilisons la difficulté de discrimination de C1C2-C1əC2 comme index de réparation de C1C2 (auditeurs mandarins ; stimuli produits par une bilingue mandarin-russe). Conformément aux prédictions, la discrimination est moins bonne pour/s/ que pour /l/. Mais de manière cruciale, la discrimination est aussi mauvaise pour le /r/ présumé que pour /s/ (pərou–prou ≈ pəsou–psou << pəlou–plou). Ces données suggèrent que la consonne notée <r> du mandarin est plutôt une obstruante qu’une liquide : /ʐ/ plutôt que /r/.
Mots clés : liquides,rhotiques,sonorité,perception,groupes consonantiques