Peut-on évaluer la compréhensibilité de la parole sans référence quant aux intentions de communication du locuteur ? Une étude auprès d’apprenants germanophones de FLE
Verdiana De Fino, Isabelle Ferrané, Julien Pinquier, Lionel Fontan
Résumé : En didactique des langues étrangères, la compréhensibilité des énoncés produits par les apprenants est le plus souvent évaluée de manière subjective, à l’aide d’échelles qualitatives. Très souvent, ces évaluations sont menées sans que l’évaluateur ne soit informé du contenu sémantique du message que souhaitait transmettre l’apprenant. L’évaluateur peut donc ignorer des divergences entre ce dernier et sa propre interprétation de l’énoncé – avec pour conséquence une surestimation de la compréhensibilité. Dans cette étude, nous vérifions l’existence d’un tel biais en demandant à 80 francophones natifs d’évaluer la compréhensibilité d’énoncés produits par neuf apprenants germanophones de français lors d’une tâche de traduction. L’évaluation est conduite sans référence (condition « a priori »), et en prenant connaissance d’une traduction de référence (condition « a posteriori »). Les résultats démontrent que les scores de compréhensibilité sont significativement plus élevés dans la condition a priori que dans la condition a posteriori, avec une taille d’effet importante.
Mots clés : compréhensibilité de la parole,évaluation,biais,L2